ONG DESIR D'AVENIR

21 mai 2020,

Sefid Sangan-é Lamir, petit village de la province du Gilan, nord-ouest de l’Iran,

Il est 06h00 du matin, le jour à peine lever que Reza Ashrafi, un père de famille vivant dans un petit village de la province du Gilan se rend aux autorités policières et judiciaires de la région.
Il vient de décapiter durant la nuit Romina, sa fille âgée de 14 ans pour sauver son《 l’honneur 》.
Pourtant selon la république islamique en Iran Reza Ashrafi est à peine coupable.

RETOUR SUR UNE HISTOIRE QUI A BOULEVERSÉ ET QUI CONTINUE DE SECOUER L’OPINION IRANIENNE.

Avant de débuter cet article il est nécessaire de prendre connaissance de quelques éléments :

En Iran selon le Code pénal islamique en vigueur dans le pays, l’enfant est la propriété de son père et ce dernier, s’il le tue, ne sera pas puni en fonction de la loi du Talion, qui prévoirait pourtant la peine capitale pour le meurtrier.

QUE VEUT SIGNIFIER LA LOI DU TALION ?

En Iran, la loi du talion – vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent – prévaut pour les meurtres. Selon le code pénal islamique, c’est aux « héritiers directs » de la victime ( son père, sa mère, ses enfants) que revient le choix de pardonner au meurtrier en échange d’une amende, la “diyya”, ou de demander l’exécution de la peine capitale.
La loi du Talion veut que toute personne qui tue un autre être humain soit également tué

Pourtant comme vous allez tristement le constater, le père de Romina, 14 ans, qu’il a tuée « pour l’honneur » le 21 mai, est à peine coupable. L’affaire secoue l’Iran.

PROPRIÉTÉ DE SON PÈRE

Selon la loi, il reviendrait donc au père de se prononcer sur son propre sort ! Pour résoudre ce paradoxe, la loi fait donc une exception quand le père tue son enfant. Le code pénal prévoit alors une peine de 3 à 10 ans de prison, ainsi que le versement d’une amende. Le tarif fixé pour une femme EST LA MOITIÉ de celui fixé pour un homme. C’est donc ce qu’encourt Reza Ashrafi, le père de Romina. Il pourrait même bénéficier d’un allègement de peine si son “état émotionnel” est considéré comme circonstance atténuante. La mère, qui a demandé à ce que la loi du talion s’applique, n’a aucune chance d’être entendue. En Iran un homme même étant un criminel reste toujours supérieur à une femme.

Tout aurait pu être différent si lors de son interpellation, les policiers avaient entendu les appels de détresse de Romina.
Lorsque le père porte plainte auprès du commissariat du village Romina est reconduite par la police au logis familial. Au juge, elle dit pourtant qu’elle ne veut pas rentrer, qu’elle craint pour sa vie. Mais rien n’y fait : le père a légalement tous les droits sur sa fille. Elle est sa propriété.

En Iran, les filles peuvent se marier à partir de l’âge de 13 ans.

IL LA DÉCAPITE.

Romina Ashrafi avait fui la maison familiale avec l’homme qu’elle souhaitait épouser, le trentenaire Bahman Khavari.
Lui et l’adolescente avaient une histoire d’amour « depuis quelques années », ce qui a aussi choqué bien des internautes iraniens, parlant de pédophilie. Mais comme je l’est rappelez plus haut, en Iran, les filles peuvent se marier dés 13 ans révolus.

Le père de la jeune fille s’opposait à leur union non à cause de son âge mais car il ne voulait pas donner sa fille, chiite, à un homme sunnite. Avant son geste meurtrier, le père a porté plainte contre Bahman Khavari pour enlèvement. Le couple est arrêté cinq jours plus tard.Le lendemain, il tente d’étrangler sa fille dans son sommeil, en vain, avant de faire usage d’une faucille. Les voisins, alertés par les cris d’horreur de la victime et de sa mère, ont appelé la police.

POUR UNE PRISE DE CONSCIENCE.

En Iran, chaque année, plusieurs femmes et jeunes filles sont tuées par des hommes de leur famille, au prétexte de vouloir défendre leur honneur. Leur nombre ne figure dans aucun rapport officiel mais en 2014, un responsable de la police de Téhéran, Hadi Mostafayi, a fait savoir que 20 % des meurtres en Iran sont des crimes de cette nature. L’Association iranienne pour la défense des droits de l’enfant, une organisation non gouvernementale et indépendante, dit pour sa part avoir répertorié au moins une trentaine de filles tuées par leur père depuis 2001. Beaucoup de crimes d’honneur ne sont jamais rapportés dans la presse locale.

Cette fois, depuis la révélation du meurtre, le 26 mai, cinq jours après les faits, les Iraniens sont nombreux à s’en prendre au pouvoir politique qui reste sourd à la demande de lois efficaces pour protéger les droits des femmes.

Mercredi 27 mai, le président iranien Hassan Rohani de tendance réformatrice a dénoncé le meurtre de l’adolescente, parlant de « violence conjugale » et demandé que les décrets de son gouvernement contre les violences faites aux femmes, en attente depuis sept ans, soient votés le plus vite possible par le nouveau Parlement. Demande qui, vue la tendance très conservatrice de l’Assemblée issue des élections du 21 février et entrée en fonctions mercredi, risque de rester lettre morte.

Triste ironie, sur l’affiche annonçant la cérémonie de deuil, pas de photo de Romina, juste une rose rouge l’évoquant il est question de « destinée voulue par Dieu ». Nulle mention de l’assassinat de la jeune fille ; le nom du père meurtrier, Reza Ashrafi, figure même en haut de la liste des personnes endeuillées.

Je suis entièrement persuadé que les meurtriers de ce genre ne réagissent plus sur « un coup de folie » pour « sauver l’honneur » en tuant les deux protagonistes. Ils prennent un risque calculé, sachant que la loi les protège : tuer l’enfant ou la femme et encourir une peine minimale, plutôt que tuer également l’amant et risquer la peine de mort.

Ainsi est, la législation islamique iranienne qui laisse le champ libre aux « gardiens de l’honneur », pardon de « l’horreur »

Si George Floyd est le symbole du racisme et de la haine de l’autre , Romina Ashrafi n’en demeure pas moins bien qu’étant à l’autre bout du monde, victime d’autant de cruauté et de l’injustice la plus flagrante qu’il puisse existe.

#JusticeForRomina #RIPAngel

Hussein.

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